Laissez les armes !

Ces derniers jours de ce côté là du Jura, le débat fait rage à propos d'une initiative socialiste visant à interdire les armes de guerre à la maison. Rapidement, il faut savoir que chaque Suisse est soldat, de 18 ans à 30 ans environ, chaque année il doit quelques jours par an, se déguiser avec son barda militaire remisé à la cave, prendre le train avec son fusil d'assaut rangé dans le placard à balais, pour se rendre dans un coin paumé, faire ses " cours de répét". En gros, s'entrainer à tirer, et surtout, jouer aux cartes en buvant des coups avec ses copains.
Chaque citoyen Suisse, détient donc, à la maison, son fusil militaire. A l'âge de 30 ans environ, le citoyen doit rendre son paquetage, et peux, s'il le souhaite, conserver son fusil. Ce qui fait que, en Suisse, environ 1 Million de fusil de guerre sont détenus par les citoyens. Régulièrement, un désespéré sort son fusil et tire sur la foule ( comme à Zoug au parlement communal il y a quelques années), ou sur un membre de sa famille, sur un voisin récalcitrant, ou plus souvent, le retourne contre lui pour se donner la mort...
Les Socialistes donc, veulent mettre fin à cette pratique d'un autre temps. Cela parait sain. Et bien pas pour tout le monde !

    L'UDC, parti xénophobe, crédité de 30% d'élécteurs, toujours prompt à défendre les valeurs les plus rétrogrades et réactionnaires combat férocement cette initiative, pour défendre " l'autonomie" et la " sécurité" du citoyen. L'obligation de remiser les armes de guerre dans un arsenal, prévu à cet effet, mettrait en péril l'armée de milice, les valeurs fondamentales de la nation même. Certains vont même jusqu'à dire que " les criminels [ étrangers] sont armés, et on voudrait désarmer les citoyens !". Ses vitupérations ne sont pas entendues que dans les cafés par des citoyens envinassés à l'heure de l'apéro, non, on entend dire ça par les ténors du parti. Sous entendu donc, que face aux criminels ( qui sont toujours étrangers dans l'esprit malade de l'UDC), le citoyen doit pouvoir se défendre seul, se rendre justice, avec son arme de guerre... Belle image de la civilisation. Les membres de ce parti se sentent donc en sécurité lorsqu'ils sont entourés de leurs armes de guerre, lorsque les frontières sont bien verrouillées ( ils militent aussi pour la sortie de l'espace Shengen), lorsqu'aucun minaret ne dépasse des toits, et lorsque les étrangers ( ceux qui ont le droit de rester en Suisse) sont bien "intégrés"( en gros, lorsqu'ils bossent et acceptent leur sous-paye et les brimades incessantes sans rien dire).
Bizarre...
Moi, je ne me sent pas particulièrement en sécurité lorsque en pleine période de Noël, faisant mes cadeaux à la FNAC, je vois débarquer un gars armé de son fusil d'assaut, et se ballader dans les rayons. Je ne me sent pas non plus en sécurité lorsque je me trouve dans un train entouré par des jeunes alcoolisés, leur fusil en bandoulière. Mais décidément, nous n'avons pas les mêmes valeurs... Moi, je me sent en sécurité lorsque les gens autour de moi sont heureux, en paix et solidaires les uns des autres...
Mais l'UDC n'est pas le seul parti à combattre cette initiative salutaire. Une grande majorité des partis conservateurs traditionnels la combattent aussi. Et ce matin, dans le quotidien  24 heures, je lisais avec effroi les propos d'un lieutenant colonel de l'armée, homme qui apparemment, n'a pas peur du ridicule : " le rôle de l'arme de service à domicile n'est plus militaire, mais il reste stratégique : il s'agit de savoir qui détient les armes desquelles découle, in fine, le pouvoir politique..." Avec effroi, disais-je, pour ce dirigeant de l'armée, le pouvoir politique est aux mains de ceux qui détiennent le pouvoir militaire, violent, armé. Sommes nous en Suisse ou au Chili au temps de Pinochet ? Plus loin, ce même homme, s'enfonçant un peu plus dans le pathétique : " ...il n'y a pas d'exemple historique de dérive dictatoriale ou génocidaire dans un pays ou les armes sont aux mains de toute la population".
C'est vrai, on est beaucoup plus en sécurité lorsque le citoyen est armé et qu'il fait la justice lui même, en fonction des valeurs et règles rétrogrades annoncées comme des slogans de propagande du III° Reich :
                        
   
Voilà donc comment les opposants à cette initiative voient la justice dans leur pays.
Mais au fait pour qui roulent-ils ? Pour le peuple, comme ils le proclament, ou pour les interêts économiques du lobbying de l'industrie de l'armement ?
A suivre...